L’état d’urgence : une drogue (qui) dure

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Communiqué du Syndicat de la magistrature

Bien qu’annoncé par le Président de la République dès la mi-novembre, c’est à nouveau au pas de charge que le Parlement est sommé d’adopter le projet de loi approuvé en conseil des ministres le 10 décembre validant une cinquième prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 15 juillet 2017, soit pour 20 mois au total depuis qu’il a été déclaré le 14 novembre 2015.

Qu’importe que d’autres pays sachent affronter des projets terroristes de même intensité sans recourir aux excès et dérives de l’état d’urgence.

Qu’importe que ses renouvellements successifs n’aient pu nous prémunir de dramatiques attentats. Il suffirait d’en invoquer la menace persistante pour qu’elle opère, une fois de plus, comme une justification indiscutable, masquant le paradoxe du recours à un arsenal par nature temporaire pour
lutter contre une criminalité déjà inscrite dans la durée.

Qu’importe, encore, que les rapports parlementaires de suivi de l’état d’urgence démontrent l’inefficacité des dispositifs répressifs auxquels il soumet indistinctement l’ensemble des citoyens. Et qu’importe leur dévoiement de plus en plus visible pour des objectifs de maintien de l’ordre
locaux, quotidiens et étrangers à toute menace terroriste.

Qu’importe, enfin, que les précédentes prolongations aient été mises à profit pour faire adopter une série impressionnante de textes qui inscrivent dans la durée des dispositions prétendant garantir la sécurité publique. La surenchère impose inlassablement l’adoption, dans une cynique alternance, de mesures tantôt exceptionnelles, tantôt pérennes dont chacune désavoue la précédente.
La banalisation des mesures fortement attentatoires aux libertés individuelles que portait en germe l’instauration de l’état d’urgence pénètre et s’inscrit désormais, hors de toute urgence, dans la loi en même temps que dans les esprits. Ce gouvernement portera la responsabilité historique d’avoir initié puis amplifié cette dérive de l’état de droit sans qu’aucune nécessité opérationnelle ne l’exige.

Avalant son chapeau avec constance, le Conseil d’Etat n’aura pas su s’y opposer : en se berçant de l’illusion auto-satisfaite de la qualité du contrôle du juge administratif, il a rendu un énième avis favorable qui dément ses précédentes réserves. Il revient donc aux parlementaires, en refusant de
sacrifier les libertés à une aventureuse fuite en avant, d’empêcher que les outils de l’état d’urgence ne puissent être livrés aux mains de ceux qui rêvent d’en faire le droit commun.

Les communes solidaires du Gard s’engagent pour favoriser l’accueil des migrants et réfugiés

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Les guerres, les famines, les destructions et les catastrophes continuent chaque jour à pousser des centaines de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, en famille ou isolés, à quitter tout ce qui constituait leur vie quotidienne et à risquer la mort sur des itinéraires toujours plus périlleux. Leur sort ne doit pas être de se heurter sans fin à des murs et à des barbelés.
En accord avec les autres États membres de l’Union Européenne, notre pays a accepté de recevoir, ce qui constitue un strict minimum, quelques dizaines de milliers de ces réfugiés. Alors même que cet accueil devrait être organisé dans les meilleures conditions administratives, de logement et sanitaires, certaines forces politiques s’y opposent, au nom de prétendus risques de troubles à l’ordre public et de « dangers communautaristes ».

Le collectif et la charte « Communes Solidaires Gard » 

Il s’agit d’une organisation de citoyens, regroupant aussi bien des individus agissant en leur nom que des organisations telles qu’associations, partis politiques, ou autres initiatives sensibles à la question de l’accueil des migrants et réfugiés. Une campagne honteuse a été menée par certains élus et mouvements politiques, invitant les maires à exprimer leur refus d’accueil de migrants dans leur ville.

A l’inverse, nous estimons que l’accueil de ces migrants et réfugiés fait appel aux simples sentiments de compassion humaine et de solidarité, et correspond en outre au strict respect des engagements constitutionnels et internationaux de notre pays.

En réaction et à la veille du démantèlement de la « jungle » de Calais, plusieurs acteurs du monde associatif et de la société civile, se sont réunis le 12 octobre à Nîmes. Cette soirée qui a réuni spontanément plus de 120 personnes, a permis d’exprimer avec conviction, la nécessité de réaffirmer les valeurs de fraternité et d’hospitalité qui constituent notre Pays.

Il en a découlé la rédaction d’une charte, reprenant les principes fondamentaux et légaux pour l’accueil des migrants et des réfugiés. Cette charte prend un accent particulier dans notre région, terre d’accueil de migrants qui désormais constituent le tissu de citoyens de notre département.

DEMANDEZ À VOTRE CONSEIL MUNICIPAL DE SIGNER LA CHARTE

collectif « Communes Solidaires Gard »